Christine Berne, ingénieur climat pour Météo France à Toulouse. Après deux mois d’hiver particulièrement pluvieux et doux, l’hexagone n’en finit pas de patauger dans les flaques, victime d’inondations à répétition aux dégâts parfois impressionnants. L’occasion de faire le point avec une spécialiste de Météo France.
Des inondations à répétition, des crues impressionnantes, même si l’hiver n’est pas fini, il semble exceptionnellement pluvieux, est-ce une impression ou une réalité ?
L’hiver est effectivement loin d’être terminé, mais il est vrai que les mois de décembre et de janvier ont été globalement très arrosés, même si des régions ont enregistré des déficits de pluviométrie. En décembre par exemple, une grande bande allant du Sud-Ouest au Nord-Est de la France a été déficitaire en termes de pluie.
A l’inverse, la Bretagne, les Pays de Loire et le Sud-Est ont enregistré une forte pluviométrie, de l’ordre de 20% de plus que la normale. En janvier, la pluviométrie a été particulièrement marquée dans le Sud-Est et le Sud-Ouest.
Cette situation pluviométrique est-elle exceptionnelle ?
Non, il n’y a rien d’exceptionnel. En revanche, ce qui est plus marquant cet hiver, c’est la succession des inondations au mois de janvier notamment, qui ont touché la Bretagne, le Sud-Est, le Sud-Ouest. Mais la quantité des précipitations n’a pas été aussi importante que cela.
Quelle est la région qui a été la plus arrosée depuis le début de l’hiver ?
Je dirais que c’est la Bretagne et globalement le Sud-Est, deux régions qui ont été très arrosées en décembre mais aussi en janvier.
Les températures sont particulièrement douces cet hiver, est-ce une situation inhabituelle ?
Même si nous sommes encore loin du 28 février pour faire un bilan exact, les deux premiers mois de l’hiver ont été effectivement très doux. On a enregistré en décembre, une température moyenne supérieure de près de 1°C à la normale, et de près de 2°C au mois de janvier. Globalement, l’hexagone enregistre un air doux et pluvieux depuis la mi-décembre.
Prévoyez-vous un changement de temps dans les prochains jours ou les prochaines semaines ?
Sous 10 jours, on prévoit un léger rafraichissement pour arriver à des températures plus de saison. Au-delà, il est plus compliqué de fournir des prévisions fiables.
S’agissant des données strictement hexagonales, le réchauffement climatique est-il une réalité en France depuis une trentaine d’années ?
Depuis 1900, la courbe des températures en France montre que les 30 dernières années ont bien été les années les plus chaudes. Cela nous amène à penser que l’hexagone suit globalement la même tendance au réchauffement planétaire.