Après la révélation des chiffres du Baromètre 2014 indiquant qu’encore près de 20% des Françaises continuaient de fumer durant leur grossesse, des journaux se sont intéressés aux idées reçues autour d’un sevrage tabagique chez une femme enceinte. On entend souvent que ce sevrage s’accompagnant de stress, il pouvait alors nuire au f?tus. Or, il s’agirait d’une des principales idées reçues combattues par les spécialistes.
Les Françaises sont en Europe, celles qui fument le plus pendant leur grossesse. Après le constat révélé par le Baromètre 2014 la semaine dernière, on cherche aujourd’hui des explications à cette situation. Et pour les spécialistes, trop d’idées reçues existent encore autour du sevrage tabagique chez la femme enceinte. Un des principaux arguments avancés par les femmes fumeuses reste qu’un sevrage total à l’annonce du la grossesse engendrerait beaucoup de stress et que ce stress serait alors mauvais pour le foutes.
Deux à cinq cigarettes par jour: un mythe!
S’il est vrai qu’un sevrage tabagique peut générer du stress chez la femme enceinte, les experts sont unanimes pour dire que ce stress ne sera jamais aussi dangereux pour le f?tus que le tabac consommé par sa mère. On sait aujourd’hui que le tabac a des répercussions sur le f?tus: retard de croissance intra-intérin, risque de prématurité, poids du cerveau plus petit… Pour Béatrice Lemaitre, tabacologue au CHU de Caen, interrogée par Europe 1, « fumer, c’est dangereux par définition. C’est le danger le plus extrême qui soit, a fortiori quand on est une femme enceinte et qu’un bébé est concerné. C’est un contre-message. Un message qui dit que fumer c’est normal et qu’arrêter c’est dangereux« .
Beaucoup pensent que deux à cinq cigarettes par jour ne nuit pas à la santé du f?tus et préserve la maman du stress lié au sevrage. Or, pour les spécialistes, il s’agit d’un « mythe« . Pour Conchita Gomez, présidente de l’association des sages-femmes tabacologues, interrogée par Madame Figaro, « il n’y a pas de stade précis pour dire à partir de quand le f?tus va être affecté. Cela dépend de chaque femme, de ses vulnérabilités, de la façon dont elle fume (si elle tire très fort sur la cigarette ou si elle crapote) et aussi de son hygiène de vie ». Quant à Béatrice Lemaitre, elle précise que « pour les grosses fumeuses, ces cigarettes sont particulièrement attendues. Les femmes enceintes vont donc pomper à fond chacune de leur cigarette, ce qui vaudra à en fumer trois quatre, pour une« .
Les patchs autorisés
Le sevrage est donc possible et même fortement conseillé pendant la grossesse, d’autant que contrairement à ce que pensent beaucoup de femmes, certaines aides sont tolérées. Une femme enceinte peut notamment s’aider de patchs pour compenser le manque de nicotine. Ce patch sera toujours moins nocif que le tabac. « Il y a bien plus de composés toxiques dans une cigarette que dans un patch, qui distribue seulement de la nicotine pour pallier le manque. En termes de bénéfices/risques, il vaut mieux mettre un patch que fumer« , précise Conchita Gomez.