Le Motilium est un anti-nauséeux déjà dans le collimateur des autorités sanitaires. Attaqué par la revue Prescrire il y a un an de cela, c’est aujourd’hui une étude française qui révèle que ce médicament serait à l’origine de 200 morts subites en 2012. De quoi relancer la polémique.
En 2014, la revue Prescrire avait alerté sur la dangerosité du Motilium, ou plus largement des anti-nauséeux à base de dompéridone. Le médicament aurait en effet des effets néfastes pour le c?ur, surtout chez les plus de 60 ans. Mais ce n’était pas un scoop: la dompéridone est en effet placée sous surveillance des autorités sanitaires depuis plus de dix ans, et l’ANSM a déjà alerté les praticiens sur les potentiels dangers du médicament.
Un risque multiplié par 2,8
Or, le débat est une nouvelle fois relancé après la publication d’une étude française, coordonnée par Catherine Hill et publiée dans la revue Pharmacoepidemiology and Drug Safety. Selon cette étude, le Motilium serait responsable de plus de 200 morts subites en 2012. « L’utilisation de la dompéridone multiplie par 2,8 le risque de mort subite cardiaque, ce qui aboutit à une estimation de 231 décès en France en 2012 dans la population âgée de 18 ans et plus », explique l’auteure de l’étude.
Alors, il ne s’agit pas de paniquer les 3 millions de personnes qui prennent ou ont pris de la dompéridone. Toutefois, aux vues de cette nouvelle étude, la revue Prescrire milite plus que jamais pour son retrait du marché. Quant aux praticiens, parfaitement informés des dangers potentiels de la dompéridone, ils se retrouvent confrontés à un autre problème: outre le Vogalène, le plus souvent en rupture de stock dans les pharmacies, ils ne disposent pas de solution alternative à la dompéridone pour soulager les personnes souffrant de nausées. Le calcul bénéfice-risque doit alors être revu au cas par cas.